J’ai utilisé 29 629 allumettes pour construire ce chevalement que vous voyez là-bas », explique Daniel, les yeux rivés sur sa pièce maîtresse. Ce chevalement (structure verticale qui relie le fond de la mine à la surface), couleur bois – celui des allumettes – est installé au milieu d’une cité minière modèle réduit.
Dans ce musée de Grande-Synthe, l’ambiance est familiale. Les jeunes de la ville mettent la main à la pâte : certains usinent des petites lampes de mineurs en porte-clé, d’autres ont installé le train électrique. En revanche, les maquettes en allumettes, c’est made in Daniel, il s’en occupe seul. « Quand on me demande combien de temps ça me prend, je réponds : ‘un certain temps’ », s’amuse l’ancien mineur de fond.
Gravé dans le bois
Cette passion un peu particulière, il la découvre dans les années 1990, au salon international des mineurs, à côté de Douai : « J’ai vu une association qui avait fait le bassin minier de Lens en allumettes. »
L’ancien mineur de la fosse 5 de Sallaumines se souvient de sa maison d’enfance dans les moindres détails, c’est par là qu’il commence, il la reconstruit avec les précieux petits bouts de bois. « Ma première maquette c’était de tête, et après j’ai continué, encore et encore, cette fois à l’aide de plans », précise-t-il.
Construites dans son salon, certaines maquettes sont devenues des pièces à part entière du musée. Le long du mur, sous les photos d’antan, les maisons en bois s’enchainent, et forment un réel quartier de mineurs : « Ça c’est la maison de mon père, là c’est celle où je vivais avec ma femme, là c’est sa maison d’enfance à elle », liste Daniel.
Et toutes ces boîtes d’allumettes ?
Au total, Daniel Maudoux a réalisé près d’une vingtaine de réalisations, toujours liées à la mine, qu’il photographie et conserve dans son porte-vue qu’il feuillette fièrement : « Ici c’est une lampe de mineur du XIXe siècle, et là une petite maquette que j’ai offerte à mon petit-fils. » A chaque nouvelle réalisation, l’homme de 74 ans se doit d’être méticuleux, fidèle à ses deux mots d’ordre : « Calme et patience. »
Et parce qu’il a acheté plusieurs dizaines de milliers d’allumettes, il accumule beaucoup de boîtes : il les a utilisées pour fabriquer un grand mur de rangement dans son garage.
