Moselle : Après l’affaissement du village, l’eau menace Rosbruck

Le passé minier du secteur de Forbach (Moselle) a durablement affecté les sols de la région. Plusieurs habitations risquent des inondations inquiétant la population.

Dans son bureau situé sous les pentes d’un grenier, Jean-Marie Bonnetier, président de l’Association pour la Défense de l’Environnement et de la Lutte contre la Pollution (ADELP), explique à l’aide d’un diaporama que « la Rosselle menace de déborder ». D’après ses estimations, la rivière longeant la frontière allemande et la Moselle « impacterait 17 000 habitations lors d’une crue ».

L’ancien professeur de physique-chimie alerte sur les conséquences de l’arrêt de l’exploitation minière dans la région. Durant l’exploitation des mines, Charbonnage de France (CdF), anciennement HBL – aussi appelé Houillères du Bassin Lorrain -, a utilisé le foudroyage sans remblayage. Technique d’extraction du minerai qui malgré son avantage économique, laisse les galeries s’effondrer après l’exploitation minière. Résultat : le village de Rosbruck s’est affaissé de seize mètres, des maisons se sont enfoncées en dessous de la rivière de la Rosselle.

La digue construite à Rosbruck.

Conséquences désastreuses pour la population, plusieurs habitations ont été classées en zone inondable et une digue a été construite en cas de crue.

Mais les affaissements ne sont pas la seule préoccupation des habitants. « Lorsque CdF exploitait les mines, ils ont perforé une couche du sol appelée Permien, créant des trous dans des nappes phréatiques », indique Jean-Marie Bonnetier. Depuis l’arrêt des pompages en 2006, les galeries minières se sont remplies d’eau, accumulée dans les nappes au fil du temps. Avec la fin de l’exploitation minière, la nappe s’est remplie, risquant d’inonder les caves des maisons. 

L’État, un acteur trop passif 

« La digue ne suffira pas à retenir l’eau », interpellent Joëlle et Gaston Pirih. Le couple habite à Rosbruck et milite pour que l’État prenne en charge ces risques. Fin 2021, Hervé Vanlaer, directeur de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) du Grand Est, indiquait que l’État s’engageait à maintenir la nappe à moins de trois mètres des habitations à risques. Pour cela, 25 stations de rabattement sont prévues, permettant de pomper l’eau des nappes phréatiques pour les rejeter dans la Rosselle.

Infographie : Noé BENTE

Jean-Marie Bonnetier, président de l’ADELF n’est pas convaincu par le projet de l’État. « Laisser la rivière à trois mètres des habitations, c’est agir beaucoup trop tard, souffle-t-il. Surtout que les 25 stations ne pourront que protéger 3 % des habitations à risques », renchérit le professeur inquiet. Le président voudrait mettre en place un système inspiré de celui des Sarrois, en Allemagne, permettant de maintenir le niveau de la nappe bien plus bas que les intentions du gouvernement.

En plus des stations de rabattement, l’État souhaite surveiller de près la montée des eaux en installant des piézomètres pour mesurer le niveau de la nappe. Mais plusieurs habitants comme Monsieur Bonnetier et le couple Pirih, restent sceptiques face à ces mesures. 

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